Chapitre 2 : La Tour Étoilée
Le jour commençait à poindre lorsque Bérénice, Éraste et Mira parvinrent enfin à l'orée de la forêt dense où se cachait la légendaire Tour Étoilée. S'élevant majestueusement au-dessus de la canopée, la tour semblait flotter parmi les nuages, ses murs d'argent reflétant les premières lueurs de l'aube comme un signal de bienvenue dans ce royaume de mystères oubliés.
La forêt elle-même était un kaléidoscope de couleurs étranges, ses arbres aux troncs torsadés et aux feuilles luminescentes murmurant des secrets anciens dans le vent matinal. Les trois amis avancèrent prudemment, suivant le sentier sinueux menant à la base de la tour, où s'étendait un portail d'une magnificence inégalée. Des motifs célestes ornaient le métal usé, et la vue hypnotique des constellations gravées titillait les sens de Bérénice, éveillant sa soif insatiable de réponses.
"C'est impressionnant," murmura Bérénice, examinant les détails raffinés du portail. "Cela semble bien plus vivant que tout ce que j'ai vu auparavant."
"Une magie ancienne réside ici," commenta Éraste en s'asseyant prudemment sur une pierre moussue. Sa queue balaya le sol dans un mouvement lent et régulier, trahissant l'excitation cachée derrière son air détaché. "Les questions que ça cache doivent être aussi intrigantes que complexer leurs réponses, je le suppose."
Mira, insouciante comme à son habitude, flotta en cercle autour d'eux, son rire carillonnant emporté par la brise. "Nous allons faire parler ces étoiles, n'est-ce pas ? Ce genre de défi est exactement ce qu'il nous faut !"
Ensemble, après un rapide conciliabule, ils pénétrèrent dans les couloirs en spirale de la Tour Étoilée. L'intérieur était un labyrinthe de miroirs et d'ombres mouvantes, un espace qui jouait avec le concept même du temps et de la perception. Bérénice frissonna légèrement en sentant le poids du monde se suspendre dans ces murs iridescents, les voix du passé et de l'avenir lui chuchotant à l'oreille.
Après avoir parcouru un dédale de couloirs mystérieux, chacun plus fragmenté par l'illusion que le précédent, ils atteignirent finalement la salle centrale où une horloge géante trônait, ses aiguilles immobiles figées dans une attente séculaire. Autour de la pièce, des plaques de métal scintillaient faiblement avec les motifs de constellations.
"C'est ici que le mot de passe doit être formé," déclara Bérénice en observant les constellations avec une attention méticuleuse. "Chaque plaque semble représenter une étoile veillant quelque part dans le ciel nocturne."
Éraste sautilla agilement de l'épaule de Bérénice au sol, s'approchant des plaques avec une mine pensive. "La clé est de reconnaître leur arrangement," miaula-t-il, se concentrant, son regard perçant sondant les secrets du ciel. "Ici, Mira, éclaire cette plaque à gauche."
Mira, illuminant l'endroit précis de son halo doré, parvint à voir de minuscules engrenages prenant vie sous la lumière. "Maintenant ça devient intéressant," plaisanta-t-elle en continuant d'éclairer le mécanisme qui chuintait doucement.
Sous l'effet combiné de la lumière de Mira et de l'analyse attentive d'Éraste, les plaques commencèrent à se rearranger avec des cliquetis à peine audibles. Bérénice, avec une intuition surprenante, pressentit que l'horloge n'attendait qu'une étincelle pour s'animer. En observant les reflets dans le verre poli entourant l'horloge, elle eut un éclair de génie.
"Voilà ce qu'il manque," souffla-t-elle, délicatement berçant chaque constellation pour former la phrase longtemps oubliée de la prophétie. L'alliance entre intuition et raison, symbolisée par les constellations agencées, était essentielle pour débloquer leur parcours.
Soudainement, une symphonie méchanique emplit l'espace, suivie d'une lueur crescendo provenant de l'intérieur de l'horloge. Lentement, les aiguilles se mirent en mouvement, révélant un compartiment secret en son centre qui abritait un artefact d'une beauté à couper le souffle : le Pendule de l'Éternité. Suspendu dans un équilibre fragile entre le passé et l'avenir, il luisait d'une énergie envoûtante, illuminant la salle comme un second lever de soleil.
"Nous l'avons fait," s'exclama Mira, virevoltant de joie autour du pendule.
Éraste fronça les sourcils de façon presque imperceptible, cachant mal sa satisfaction intérieure. "Il semblerait que notre intuition ait payé."
Bérénice, le cœur débordant de fierté pour ses compagnons, saisit délicatement le pendule. Comprenant que leur lien triomphait des énigmes échiquier, elle caressa d'un geste léger le métal scintillant. "Nous avons surmonté cette épreuve ensemble," dit-elle avec détermination.
Avec la première partie de leur quête accomplie, ils repartirent, porteurs d'une confiance renouvelée et d'un artefact précieux en main. D'autres mystères les attendaient désormais au Jardin des Ames Oubliées, un lieu où le passé et le futur se livraient une danse aussi ancienne que le temps lui-même.