Chapitre 4: Le Grand Jeu des Reflets
Face à eux, dans un éclatant tourbillon de couleurs, se matérialisait l'ultime défi de leur aventure : le Grand Jeu des Reflets. Une roulette géante lumineuse flottait au-dessus d'un lac miroitant, aussi déconcertant qu’envoûtant. Le trio s’aventura sur la scène mouvante, où même leurs ombres semblaient se dérober pour les défier.
Lyam, le cœur tambourinant d'une excitation mêlée de nervosité, scruta l'étrange roulette. "Qui aurait cru qu'un tel spectacle serait l'apogée de notre quête ?" murmura-t-il, une lueur d'espièglerie dans le regard.
Perceval, ses plumes lustrées et posées, observa avec une prudente admiration. "Quelle grande comédie absurde, comparée à tout ce que nous avons vu jusqu'à présent ! Peut-être pourrions-nous dire que le ridicule fait partie du charme du jeu."
Infatigable et curieuse, Lila sautilla nerveusement autour de la roulette, laissant derrière elle une traînée de bulles chatoyantes qui éclataient, formant de mini arc-en-ciels. "Oh, que l'on se lance dans la danse des reflets !" s'exclama-t-elle.
Le centre de la roulette s'illumina alors et chacun des membres du trio vit apparaître devant lui son propre reflet inversé, fraichement échappé d’un miroir dimensionnel. Jetant un œil encore incrédule, Lyam se trouva face à une version de lui-même aux traits légèrement déformés, presque caricaturaux. "Eh bien," pensa-t-il à voix haute, "voilà une version de moi-même que même mes rêves les plus étranges n’auraient pu concevoir."
Le Lyam-reflet l'observa avec un sourire équivoque, comme pour mieux sonder son âme. "Je suis ton reflet, Lyam, et pour avancer, il te faudra comprendre notre lien."
Le tournoi commença, une fusion de jeux d'esprit et de mimiques absurdes. Lyam réalisa qu'affronter ce double, c'était admettre ses faiblesses, ses doutes, et ses rêves refoulés. "Pour te lire, tu dois me connaître," l'informa son double énigmatique. Lyam prit une profonde inspiration et plongea dans un dialogue interne étrange, se retrouvant à jongler avec ses émotions, mi-chemin entre la rigolade et la réflexion profonde.
Pendant ce temps, Perceval s'était retrouvé bec-à-bec avec son propre reflet. Mais pas n'importe quel reflet : l'alter-Perceval se tenait fièrement, paré d'un monocle doré, et le regardant d'un air impérieux, comme un critique des hautes sphères célestes. "Qu'est-ce que cette version de moi-même cherche à me dire ?" s'interrogea Perceval, perplexe.
À sa surprise, il découvrit que ce double recelait des aspirations qu'il n'avait jamais pleinement assumées. Peut-être une passion secrète pour le chant ou la découverte, enfouie sous son rôle d'acolyte ailé ? "Ah, que je m’essaie à des hauteurs jusque-là inexplorées !" déduisit-il, un aplomb nouveau gagnant son enthousiasme.
Non loin, Lila, la farfadine, observait son reflet avec une pointe de malice. Elle y vit une multiplicité d'illusions, pétillantes et vives, quasi indépendantes et curieuses. "Mes illusions sont-elles autant de mondes à découvrir ?" s'interrogea-t-elle, fascinée par la profondeur de son propre imaginaire.
En entrant dans le jeu mimétique avec ses doubles, chacun des trois compagnons percevait la fragilité, mais aussi la force de l'esprit. Au fur et à mesure que le tournoi progressait, leurs interactions transformaient la roulette gigantesque en un kaléidoscope splendide, où se mêlaient leur compréhension progressive et leur amitié renforcée.
Le point culminant les réunit enfin au centre de la roulette, où leur introspection collective forma une clé éblouissante. Le Grand Jeu des Reflets, satisfait de leur union retrouvée, s’éclipsa dans une myriade d’éclats scintillants, ouvrant le dernier passage dimensionnel devant eux.
Sautillant, flottant et planant, Lyam, Perceval et Lila retournèrent enfin à Zéphyrine, chacun portant en lui une perspective nouvelle et un courage renouvelé. De retour dans leur village farfelu, ils découvrirent que leur quête avait laissé une empreinte imperceptible mais profonde : une myriade d’envies nouvelles de découvrir et de partager éclata parmi les villageois.
"Peut-être que les dragons et les licornes ne nous attendent pas là-bas," suggéra Lyam, pensif mais sourire aux lèvres, "mais l'important est ce que nous avons ramené."
Lila lança une bulle joyeuse illuminant le ciel coloré, tandis que Perceval, clignant de son œil amusé, murmura avec sagesse : "Le plus grand des portails, mes amis, c'est celui que nous avons ouvert dans nos cœurs."