Chapitre 3 : Le Cœur du Château
Guidés par l'énigme qu'ils avaient résolue, Yanis, Zig et Zag traversèrent les couloirs sinueux et espiègles du château. Les murs semblaient avoir une sorte de vie propre, ondulant de temps en temps comme s'ils respiraient. Des lustres poussiéreux oscillaient au-dessus de leurs têtes, tandis que des tapisseries à moitié effacées se tortillaient légèrement à chaque courant d'air.
"Alors, Tonnerre de Marmelade! C'est un vrai labyrinthe par ici!" s'exclama Zag, qui tourbillonnait en l'air, évitant de justesse un chandelier qui basculait dangereusement.
"Pas de panique, mon cher paranormal!" répondit Zig avec un clin d'œil espiègle. "Nous avons un génie parmi nous, n'est-ce pas, Yanis?"
Yanis sourit timidement. Malgré sa timidité apparente, il possédait une concentration et une détermination remarquables. Ses yeux brillaient d'excitation à l'idée de découvrir ce que le château avait gardé secret pendant tant de siècles. "Je pense qu'on est sur la bonne voie", dit-il d'un ton résolu, levant sa lanterne pour mieux voir les inscriptions creusées dans les murs. Leur mêlange de cryptage ancien brillait doucement, comme pour leur indiquer la direction à suivre.
En passant sous un imposant arc de pierre, ils arrivèrent enfin dans une salle cachée qui avait dû être longtemps oubliée. Au centre se tenait un vieux miroir, incroyable et mystérieux, sa surface encore intacte malgré les épaisseurs de poussière qui le recouvraient. Des voiles de toiles d'araignées semblaient former une filigrane brillant à la lueur des flammes vacillantes de leur lampe.
Zag, avec un intérêt enthousiaste, souffla sur le miroir, dégageant une fraction de sa surface. "Regardez ces images!" s'écria-t-il.
À travers la vitre antique apparurent des scènes mouvantes, esquissées dans une lumière éthérée : une époque où le château rayonnait de son prestige, vibrant des rires et des musiques des jours passés. Les scènes se déroulaient comme un ballet fantomatique, chaque danse encadrée par les murmures de la pierre qui avaient tant intrigué Yanis.
Alors que Yanis s'approchait avec fascination, sa main toucha le cadre du miroir. Aussitôt un cliquetis secret se fit entendre derrière eux. Yanis sursauta et se retourna pour voir un passage secret qui venait de s'ouvrir dans le mur.
"Eh bien, voilà !" souffla Zig en hochant joyeusement la tête, "Rien ne peut se cacher éternellement de notre audacieux voyageur."
D'un pas décidé, Yanis s'engagea dans le nouveau passage. Il déboucha dans une pièce centrale majestueuse où flottait une sphère scintillante au centre de la salle, suspendue et protégée par un champ de force luminescent qui brillait d'une lumière chimérique.
« C'est le cœur magique! » murmura d'admiration Zig. Même l'infatigable spectre paraissait impressionné par la scène devant lui.
Zag, les bras croisés dans une pose théâtrale, expliqua, "Pour briser ce sort, il nous faut bien plus qu'un crochet à cheveux. Seuls les mots justes et une preuve de bonté pourront dissiper cette magie et apaiser les murmures du château."
Yanis fronça les sourcils en réfléchissant. S'il avait appris quelque chose des livres et des histoires que bourdonnait chaque page de la bibliothèque, c'est que la pureté de l'intention pouvait être une magie plus puissante que tout incantation. "Nous devrons harmoniser nos voix", déclara-t-il.
Zig et Zag essayèrent de se synchroniser, mêlant leurs voix fantomatiques à celle de Yanis. Une note douce s'éleva, une mélodie inconstante mais douce, tout comme le tintement de mille clochettes de verre.
Petit à petit, la sphère commença à pulser en rythme avec leur musique, le champ de force entourant la sphère semblait vibrer puis se stabiliser dans un calme apaisant. Une voix douce et ancienne, mais pleine d'autorité, émergea du cœur du château — une voix longtemps oubliée qui chantait des salutations de paix et d'équilibre.
Le trio s'était acquitté de sa tâche avec persévérance et solidarité. Et sous leurs yeux émus, les murs du château, apaisés, chuchotaient maintenant des histoires de renaissance. L'harmonie qu'ils avaient créée révélait non pas une menace, mais une mémoire qu'il était temps de rappeler : le visage vieillissant du château attendait sa paix avec confiance, prêt à laisser une nouvelle lumière baigner ses pierres et ses murs.